Communes et pâturage forestier au XIXe siècle : le témoignage des comptabilités communales
ARTICLE
De tous les droits d’usage, cet article s’attache au pâturage forestier. Vaste sujet qui prend un relief particulier dans les pays où l’exception prévue par l’alinéa 3 de l’article 110 du Code forestier pourrait devenir la règle.
En Provence, les dirigeants municipaux élèvent de vives protestations afin d’obtenir le maintien de l’ancien système. Cependant, ne retenir que les protestations, l’argumentation des agents forestiers, ne ferait voir qu’un aspect du problème car, de 1827 à 1900, dates retenues, une évolution était inévitable.
Si l’on en croit l’administration forestière, la suppression du pâturage forestier, source de dégradation des bois communaux, doit permettre la régénération de la forêt et doit déboucher obligatoirement sur une augmentation des autres postes forestiers, dont celui des coupes ordinaires.
Cette évolution serait assez logique, encore faut-il la vérifier à l’aide de la comptabilité communale qui, année après année, pour vingt communes réparties entre les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse, livre les chiffres représentant les recettes et les dépenses forestières et le budget global de la commune. Il est ainsi possible de mesurer la progression du pâturage forestier, sa place dans la vie financière de la commune et la politique des dirigeants à l’égard de leur patrimoine forestier.
Les difficultés d’application en Provence de l’article 110 du Code forestier furent nombreuses. Selon l’administration forestière, l’abandon ou la limitation du pâturage forestier devait conduire au développement d’autres ressources forestières. Que les moutons cessent de dénaturer le sol, de brouter les jeunes arbres et ceux-ci pouvant se développer permettraient des coupes compensant largement le manque à gagner provoqué par l’abandon du pâturage. Propos vérifiés à l’aide de la comptabilité communale dans le fascicule 183 édité en 1996 car il ressort en effet des nombreux cas étudiés qu’en Provence le pâturage forestier est une nécessité, l’autre nécessité étant de protéger les forêts des dents et des pattes des moutons.