GESTION FORESTIÈRE EN VAUCLUSE AU XIXe SIÈCLE
ARTICLE
Gestion traditionnelle ou gestion commerciale, tel est le choix qui s’offre aux communes forestières. En retenant le premier mode, elles choisissent de privilégier une population paysanne qui bénéficie à moindre coût des ressources du patrimoine forestier. Les élus n’ont pas alors pour objectif principal d’assurer des rentrées d’argent, leur intérêt est essentiellement centré sur le maintien des populations rurales dans leur milieu habituel. Avec le second mode, les dirigeants s’attachent surtout à retirer des forêts un revenu destiné à améliorer les conditions de vie des habitants de la commune. Ils ignorent les besoins des individus les plus proches de la forêt pour être d’avantage attentifs à ceux de la population urbaine.
Dans le département de Vaucluse, les communes exploitent les mêmes postes forestiers. Liés aux activités locales, certains d’entre eux affichent un côté traditionnel, tels le pâturage, la chasse et dans une moindre mesure les coupes affouagères. D’autres postes au contraire, par leur aspect plus commercial, sont liés à l’insertion de la commune dans l’économie locale. Il faut citer ici les coupes ordinaires et extraordinaires auxquelles s’ajoutent parfois les truffières, les glacières et les menus produits dont le ramassage des glands, l’extraction des feuilles mortes, des bois morts, des herbages, des arbustes, du thym, des joncs, des chênes kermès, du buis…
Sur les soixante-dix-huit communes de Vaucluse propriétaires de forêts, dix d’entre elles ont été choisies pour cette étude en fonction, notamment, de leur situation géographique dans le département, de leur surface forestière, de la proximité ou de l’absence de grandes villes et de l’évolution de leur patrimoine forestier. Il s’agit de La Bastide des Jourdans, Bédoin, Bonnieux, Gordes, Lacoste, La Tour d’Aigues, Malaucène, Puyméras, Saint-Léger et Saint-Roman de Malegarde.
Déterminer quelles communes adoptent tel mode de gestion ou tel autre implique le choix d’un critère. Aucune norme n’existant en la matière, le système qui donne satisfaction et qui correspond à des recoupements effectués par ailleurs consiste à établir un seuil, en utilisant les pourcentages réalisés par les dix communes.
Dans un premier temps, les modes de gestion retenus par les communes sont appréciés sur l’ensemble de la période considérée, 1827 à 1900 et, en suivant le découpage indiqué ci-dessus, il est possible de dégager l’évolution, de rechercher les communes qui passent du mode commercial au mode communautaire, ou l’inverse, enfin celles qui conservent le même mode de gestion, une question ne pouvant être ignorée : les communes étaient-elles libres de choisir un mode plutôt qu’un autre ?
Il faut conclure que d’une manière générale, les communes ne peuvent appliquer un seul mode de gestion pour l’ensemble des postes forestiers. Si elles ont un certain goût pour l’un plutôt que l’autre, les circonstances les poussent à recourir parfois au type opposé. Donc, volonté des élus, sensibilité politique ou sociale ne sont pas des facteurs suffisants pour choisir le mode d’exploitation des forêts.
Le Code de 1827 dispose que les recettes forestières ont pour destination première d’assurer le salaire du personnel forestier, de payer la contribution foncière et les sommes qui reviennent au trésor, mais ignorer l’état des finances municipales serait un grave oubli et il est évident que les ressources forestières sont souvent indispensables pour équilibrer le budget. Même si les communes désirent exploiter selon l’un ou l’autre mode, elles sont obligées avant tout d’obtenir des forêts le rendement maximum, en occasionnant le minimum de désagréments pour la population. L’exploitation des bois aide à faire face au quotidien, à affronter des frais imprévus, généralement considérables. Les forêts sont devenues une richesse indispensable pour les communautés.