« PARTIS POLITIQUES » ET ÉLECTIONS MUNICIPALES
A Aix En Provence aux XVIe et XVIIe siècles
ARTICLE
A Aix, comme dans tout le royaume, les troubles ont une triple origine. Ils peuvent être liés à la mauvaise humeur de quelques gentilshommes à propos de querelles de familles ou de problèmes personnels. Ensuite, et ils sont alors synonymes de résistance, de préservation de la situation existante et des acquis, les troubles peuvent être liés à la situation générale du royaume lorsque les us et coutumes sont mis en péril, l’état du pays remis en cause ou les institutions menacées. Enfin, le troisième cas d’agitation tient au pouvoir municipal. L’ensemble de la réglementation électorale aixoise a pour but de vérifier la compétence des magistrats politiques et d’empêcher les monopoles, mais en ce qui concerne les « brigues » et « cabales », la réglementation n’est ni assez structurée, ni assez coercitive. Si les manœuvres individuelles sont normalement impossibles, rien ne peut endiguer celles des groupements d’affidés.
Les partis, aux XVIe et XVIIe siècles, sont des rassemblements de personnes qui, sous l’autorité reconnue d’un ou plusieurs dirigeants, agissent pour la réalisation d’un même objectif. Ce sont des associations de fait dont la reconnaissance, par le public et le pouvoir central, est liée à la puissance.
La constitution d’un parti dépend totalement de l’initiative individuelle. Une réglementation eut peut-être semblé nécessaire si les partis avaient présenté un grave danger pour la province, mais l’attachement au royaume n’est jamais remis en cause et les mentalités admettent depuis longtemps les regroupements d’affidés autour d’un chef, car on sait que l’objectif atteint, le parti perdra sa raison d’exister. Son caractère fonctionnel rassure et lorsqu’une inquiétude peut naître, par exemple lorsque les partis se battent pour le consulat, on ne réglemente pas ces derniers, on perfectionne le droit électoral.
Aux XVIe et XVIIe siècles les principales charges municipales sont électives et chaque ville, en respectant quelques règles essentielles, telle l’absence de candidature, élabore librement son règlement électoral, ensemble de mesures applicables pour désigner les nouveaux magistrats municipaux. Parmi les points les plus réglementés, il faut relever l’interdiction de faire des brigues, cabales, menées et monopoles, toutes manœuvres destinées à fausser le jeu électoral. Généralement, les actions individuelles sont impossibles, mais le droit n’est pas conçu pour endiguer l’action des groupements de personnes.
A partir de 1674, les Notables ayant fait adopter par le roi un système qui permet au parti au pouvoir de s’y maintenir, les élections aixoises ne présenteront plus qu’un intérêt modéré. Le roi soumet trois noms pour le poste de premier consul aux procureurs du pays nés et joints et l’intendant, premier président du Parlement assiste aux élections.
Aux XVIe et XVIIe siècles, bien qu’empreints d’un archaïsme certain, la vitalité des partis était surprenante. L’intégration totale de la Provence au royaume a certainement causé beaucoup de bienfaits dans la province, mais les Aixois y ont peut-être perdu le goût de la chose publique. Lorsqu’on constate l’absence de réaction lors de l’instauration de l’édit des maires perpétuels en 1692, on ne peut que regretter le manque de combativité des Provençaux, et pourtant, pouvaient-ils rêver un plus beau sujet : une intrusion du pouvoir central dans les privilèges, us et coutumes de la province, et à propos du consulat ! Tout était réuni, mais la présence de l’intendant n’autorise plus de débordements, on se contente de lire une protestation symbolique à la fin des élections….